"Phase III Alan Tex présente H." |
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Dans un esprit d’ouverture et d’échange LaGalerie.be propose, pour 2007, son nouveau concept : l’organisation d’exposition d’œuvres d’artistes plasticiens dans divers lieux – appartements privés, ateliers d’artistes, lieux industriels, bureaux, etc. – et ce, dans un parfait accord entre la démarche artistique et l’esprit des endroits investis. Après la création d’un site Internet et d’un espace d’exposition, rue Vanderlinden 65, LaGalerie.be a accueilli une vingtaine d’expositions. Son directeur, Frédéric Van Craenenbroek, a donc inauguré la troisième phase de son projet de promotion d’artistes en ouvrant cet espace. LaGalerie.be décembre 2007
Inauguration des appartements de LaGalerie.be, le 9 décembre 2006 : Alan Tex présente H. Les installations de Laetitia H. invitent à une mise en question de l’image médiatique de la femme et des rôles sociaux qui lui sont attribués. Cette artiste s’exprime notamment par la couture, activité féminine traditionnelle, qu’elle détourne au profit de l’Art Brutal Sexual, mouvement artistique dont elle est la fondatrice. Des corsets trashs, aux tatouages textiles couleur chair, diffusent des messages subliminaux à l’interprétation contradictoire : affriolants ou dénonciateurs, selon le point de vue. Ces déshabillés, avec bas nylons, hermines, hauts talons, etc. recréent l’apparence féminine et en même temps, révèlent qu’elle ne suffit pas à faire la femme. Par là, Laetitia H. démontre que c’est le corps, absent de ces sous-vêtements, qui détermine le sexe et non les attributs extérieurs, produits relatifs et culturels. Quant aux photographies d’Alan Tex, elles présentent des lilliputiens aux sexes lointains et béants, aux airs d’hiver, perdus au beau milieu de scénographies hallucinées en noir et blanc. Comme des fétiches magiques, ils embaument le spectateur de leur pouvoir occulte. Inlassablement, des êtres sans visage, cachés par des masques, sont ligotés et photographiés à l’instant fatal, représenté par des poignards effilés. Un symbolisme morbide – aux confins du fétichisme – rappelle les tortures du Moyen Age et les spectacles populaires du XIXe siècle. Devant un paysage d’urnes funéraires aux épitaphes humoristiques, une allégorie de la mort tient les portraits des défunts, comme si elle présentait sa famille. Un visage robotique, entouré de jambes sylphides et nues, révèle la machination perverse des fantasmes orgiaques et lesbiens. Évocation du deuil de l’érotisme anal, une pisseuse debout, son buste déchiré par l’obscurité, tient dans chaque main un poignard, dirigé contre elle. Un lecteur nu, malade et endormi et à la tête cachée dans un heaume grillagé, fait écho à son éclairage : une femme lampadaire, à la nudité rehaussée par une grille textile. Cette réflexion graphique rapproche l’armure de la burka et révèle son inanité par une situation absurde et anachronique. L’homme bourreau, sujet malsain, tourne le dos à son esclave ; la femme, réduite à une passivité instrumentale. Bref, chacun à leur manière, ces deux artistes, aux images et messages obsessionnels, détournent les icônes de notre société, boutent les tabous, exhibent la sexualité et annihilent la sexuation pour lutter contre les méfaits ascétiques des dualismes occidentaux. Le tube cathodique de l’artistique se met en branle, l’union de deux artistes autour de l’Art Sexual Brutal donne un coup fatal à la normale. Stephanie Wolbeek, décembre 2006
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